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Textes, dessins et BD
9 août 2013

Les Joies du Camping

Les Joies du Camping

 

Le « Chti n'enfant »

 

Le chti n'enfant a entre 18 mois et 5 ans. Son éveil se situe entre 6 et 7 heures du matin et se caractérise par un cri aigu : « Maman-an-an-an-an-an-an-an-an-an-an-an-an » ; cri réitéré un certain nombre de fois suivant la résistance nerveuse de la dite Maman.

Une fois passé de la position horizontale à la position verticale, la principale activité de ce charmant petit animal est la localisation de sa génitrice, avec un cri plus modulé mais tout aussi usant : « Maman ! T'es où-où-où-où-où-où-où-où-où-où ? Si ce vagissement interrogatif ne trouve pas d'écho, après un nombre d'appels variant suivant l'endurance de la petite chose, celle-ci revient au cri primitif du matin. Chez certains sujets calmes et persévérants, la localisation de la mère peut se transformer en une longue et irritante litanie.

A un stade avancé d'usure des nerfs, de sombres pensées d'anéantissement surviennent, concernant autant ce disque rayé sur patte que la mère indigne.

 

Rencontre du 3ème âge

 

Elle se situe entre 9h et 11h00. De chaque extrémité du camping, 2 couples du 3ème âge marchent l'un vers l'autre. Si aucune attraction physique (au strict terme scientifique) n'attirent ces deux éléments, il y a croisement sans incident ni dommage ; dans le cas contraire, le point d'impact a de grande chance de se situer derrière votre tente.

S'en suit une libération d'énergie verbale d'une très haute banalité sur la pénibilité de marcher dans le sable ou le lieu extraordinaire que l'on a visité et qui mérite le détour. Chaque partie argumentant que ce qu'il a vu ou fait est mieux que l'autre et ceci dans une quasi cacophonie à haute densité sonore.

Quelle que soit la durée, elle sera toujours qualifiée de « trop longue ».

Enfin, vient la séparation des deux modules qui ramène un calme et une sérénité malheureusement qualifiés de « trop courts ».

Le chti n'enfant, à l'activité très locale, n'est jamais très loin.

 

Le « z'ado » ou le service continu du bordel

 

Le z'ado assure la continuité sonore de 18 – 19h00 à 3 – 4h00 le lendemain (voir plus en fin de séjour) ; ce qui laisse royalement entre 2 à 3h00 de silence total sauf événement particulier.

L'activité culminante du z'ado (bouffe, drague,rires bêtes et sons bizarres) se situe entre 22h00 à 4h00 du mat'. Il est un animal grégaire, c'est à dire se déplaçant souvent en troupeau.

Quoiqu'il en dise, il adore les interdits pour le plaisir de les transgresser.

Ne pas faire comme les adultes lui donne l'impression d'être un rebelle ; il a tendance à confondre autonomie et indépendance.

Les quelques contraintes données par les adultes, en général, et les parents, en particuliers, en font une victime à plein temps

Il est le champion du paradoxe, croyant ne rien faire ou ne pas penser comme les autres mais se conformant aux codes de sa tribu (Emo, gothic, rasta, baba, fashion, etc...) avec une application quasi-religieuse.

Le timing : 13 – 14h00, éveil de la bête, le métabolisme tourne au ralenti, quelques mots réflexes (Qu'est ce qu'on bouffe ? T'as pas vu mon phone ? Putain, fait chiééééééé !!!(les raisons de râler sont incalculables donc compléter la phrase comme bon vous semble)).puis vient le temps consacré au travail consistant à s'identifier auprès de sa tribu, autrement dit : le look.

Une chevelure en bataille style « saut du lit » aura pris une heure de recherche. Un pantalon façon « les fringues, rien à foutre » aura généré un conflit générationnel sur le ton : « M'man-an-an-an ! Fallait pas laver mon baggy. Ça fait nu-u-u-u-u-ul !.

Eh oui ! La rébellion, c'est tout un art !

Aprés tout cette mise en scène, le z'ado est prêt à prendre le relais pour tenir en éveil tout le camping, la soirée et toute une partie de la nuit.

A part quelques divergences alimentaires et vestimentaires, le z'ado mâle et femelle ont le même schéma de fonctionnement.

 

Le temps

 

Très aléatoire. Il va de « Putain de chaleur, on a crevé sous la tente » à « La polaire en été, c'est pas top ! ». Sujet de conversation bateau, il permet souvent de créer un lien avec le quidam Lambda. Pour celui qui veut s'identifier comme l'habitué du coin, il y a le micro-climat ; Dire en bombant le torse en signe de fierté : «Quand il pleut dans la région, ici il y a du soleil. Je viens tout les ans, je connais ! »

Les variantes pourraient faire l'objet d'un ouvrage en 20 volumes tant le sujet est certainement le plus abordé au monde.

 

La tente mitoyenne

 

Vos voisins de tente !!! Aussi aléatoire que le temps, c'est la loterie. Ça dépend en grande partie de l'âge des enfants (voir les chapitres « Chti n'enfant » et « z'ado »).

A part ça, les échanges se limitent au strict minimum des relations sociales avec dialogue plus intense le jour du départ ; ouf !

Il existe un cas, malheureusement de moins en moins rare, où vos voisins se fréquentent toute l'année et se retrouvent en vacances ; et si, en plus ils ont des chti n'enfants ou des z'ados ; alors là ! Là ! On atteint les sommets de l'horreur acoustique. Ne croyez pas que le niveau sonore ne fait que doubler, non ! Non ! Il se situe sur une courbe exponentielle.

 

Grasse matinée = Mission impossible !

 

Cette communauté vit dans une bulle malheureusement non insonorisée. Deux tentes mitoyennes, c'est un peu comme deux atomes ; si les atomes se connaissent, ils rentrent en fusion, en dégageant une énergie qui fait regretter de ne pas camper à coté d'un aéroport, aussi bruyant, certes, mais seulement à certaines heures.

 

Les sanitaires communs

 

Ah ! Les blocs sanitaires. Rien de problématique en journée, hormis peut-être la « grosse commission » et l'inévitable rouleau de PQ. Ce n'est pas le genre d'élément que l'on arbore fièrement. Que de ruse pour camoufler cet objet de honte. Lorsque le temps est frais, aucun problème ! Sous le pull et hop ! Ni vu ni connu. Mais par temps chaud et avec un rouleau tout neuf... C'est votre vie intime dévoilée à tous ; un vrai reality show.

Quelques ruses pour éviter la honte. Se retenir, solution honorable quoique douloureuse. Mettre un gros pull, assez efficace mais suspect par temps chaud. Prendre quelques feuilles, très efficace mais attention au mauvais calcul. La technique du guetteur, rouleau apparent, je fonce ; 99 % de chance que vous croisiez quelqu'un à l'angle du bloc ; la honte vous a rattrapé avant d'atteindre le but. Afin d'effacer ces instants de gêne, allez à la douche en portant fièrement votre nécessaire de toilette (où vous pouvez planquer le PQ) et votre serviette, symbole d'hygiène et de bien-être ; ainsi l'honneur sera retrouvée.

Besoin pressant en pleine nuit. Le PQ n'est plus un problème, très peu de probabilité de croiser quelqu'un (probabilité minime mais pas nulle) ; mais avant d'opérer le trajet tente → bloc sanitaire, l'horreur !

1ère étape : s'extraire du lit ; les nuits sont fraîches, gare aux chocs thermiques.

2ème étape : trouver son pull et éventuellement son pantalon (on ne sait jamais, croiser quelqu'un avec son caleçon rose à fleur et l'image du mâle en prend un coup)

3ème étape : trouver ses sandales ; indispensable ! Entre les aiguilles de pin et les cailloux pointus, sans protection plantaire, démarche de danseuse assurée et si on y ajoute le caleçon rose... Réputation garantie !

4ème étape : Fin de l'opération, soulagement, endormissement de bien-être sur le trône en rêvant d'un gîte avec confort à portée de lit.

Réveil brutal en pensant au retour.

 

 

Jean FORT

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